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L'église de Barbezières

L'église de Barbezières

 

 

 

 

Institué en 1801, le recensement se déroulait tous les cinq ans. Si aujourd'hui les informations que l'on communique aux agents recenseurs sont strictement confidentielles, il n'en était pas de même au XIX° siècle. Cette absence de secret permet aux curieux de notre époque d'avoir une vue d'ensemble de la population de nos communes.

Le plus ancien des registres de population concernant Barbezières date du 9 Mai 1841. Les informations qu'il nous apporte (noms et prénoms des habitants, leurs professions ainsi que leur situation matrimoniale) y sont assez sommaires mais non dépourvues d'intérêt.

La commune de Barbezières comptait 491 habitants - 250 hommes pour 241 femmes - répartis de la manière suivante:

 

Le Chêne 79 hab./ 21 ménages

Le Bourg 42 hab./ 9 ménages

Les Guérins 45 hab./ 9 ménages

Chez Joutaud 37 hab./ 9 ménages

Chez Feuillet 22 hab./ 7 ménages

La Vieille Garenne 103 hab./ 20 ménages

Les Dessons 25 hab./ 7 ménages

Lucheville 73 hab./ 17 ménages

La Brousse 58 hab./ 11 ménages

Le Bouchaud 7 hab./ 2 ménages

 

Si, de nos jours la population de nos villages semble « vieillir », ce n'était pas le cas en 1841 puisque le nombre de célibataires (232), reflet d'une population jeune à cette période, représente un pourcentage important des habitants tandis que les veufs ne sont que 36 dans tout Barbezières. Ces derniers, ou plus précisément, ces dernières, car il s'agit principalement de femmes (26), sont presque toujours hébergées par leurs enfants après le décès de leur conjoint.

De plus, il est intéressant de constater que le nombre d'hommes mariés (115) est plus important que celui des femmes mariées (108). En effet cette différence est due à la présence d'hommes employés comme domestiques dans une exploitation agricole ou comme ouvriers chez un patron et qui ne vivent pas avec leur famille.

Profitons-en pour étudier les divers corps de métiers présents à cette époque. Cela n'étonnera personne d'apprendre que près de 90% des habitants sont soit propriétaires terriens, cultivateurs, métayers soit ouvriers agricoles. Pour le reste, nous retrouvons des professions liées à cet environnement agricole comme le maréchal-ferrant François GADREAU qui résidait Chez Feuillet. Dans le bourg, il était possible de trouver des cordonniers comme LACOSTE - DURIF et leur ouvrier Léonard SENIOU ou bien BORNE et sa fille, des sabotiers comme Jean FOREST, par exemple, des « tailleurs d'habits » et des tisserands avec, pour toutes ces professions, le choix entre deux ou trois adresses. Un mur à construire ? Il suffisait d'aller voir le maçon Michel POIRIER qui, s'il n'avait pas le temps de vous le faire, vous aurait envoyé l'un de ses six employés. Pour les banquets c'était Jacques GADREAU qu'il fallait aller voir. Sans oublier les nombreux charpentiers et le scieur de long, en raison sans doute de la forêt à proximité. Et il y avait aussi un bordier en la personne de Pierre COURONNEAU, un garde champêtre (Jean AVRILLAUD), un buraliste (Charles GUERINAUD), ainsi qu'un huilier (François PETIT).

Comme Barbezières ne bénéficiait pas d'un prêtre à demeure, l'église était confiée aux soins de Jean DESSE qui, après avoir fait son travail de cultivateur, endossait la fonction de sacristain.

Quand vous aviez les moyens d'offrir l'école à vos enfants - l'école gratuite et obligatoire n'apparaissant que près de quarante ans plus tard - vous aviez alors affaire à Martin VARAGNAC et à sa femme.

Lorsque l'on s'attache au nom des personnes, il est surprenant de constater qu' il existe 133 noms de famille différents sur toute la commune de Barbezières. Cependant, il émerge quand même quelques noms qui rappelleront sans doute quelque chose aux plus anciens comme les familles AVRILLAUD, NAULIN, GADREAU, LHOUMEAU... et pour les plus jeunes les familles FOREST, FAVREAU, BERNARD, ANDRÉ, SEBILLAUD ... Toutes ces familles sont indéniablement liées au passé de Barbezières.

Que les gens encore présents dans la commune, ayant le même patronyme, sachent qu' à la fin du XVII° siècle ces noms étaient déjà présents dans la population locale. Malheureusement sur les 133 noms recensés en 1841, une grande partie a disparu, soit par le croisement des familles comme par exemple une branche des AVRILLAUD s'est alliée avec une branche de la famille BERNARD, soit par migration de ces familles au fil du temps ou extinction. Certains noms présents il y a 160 ans se retrouvent parfois dans les autres communes du pays comme les LEPINOUX, AUDOUIN, MATARD ...

Il y a aussi un petit aspect anecdotique dans l'étude des prénoms. Ainsi dans la même maison ils pouvaient être au moins quatre ou cinq personnes à porter les mêmes noms et prénoms comme par exemple un propriétaire du nom de Jean ANDRÉ qui nomma son fils comme le voulait la tradition, Jean qui, lui-même, prénomma deux de ses fils également Jean. Il est aussi vraisemblable qu'il devait y avoir des modes dans l'attribution des prénoms, principalement celui des filles car un prénom relativement rare comme celui de Marie Geneviève apparaît plusieurs fois dans le registre. Mais il faut tout de même admettre que les prénoms étaient souvent identiques et ceci quelle que soit la commune: François, Louis, Pierre et Jean pour les garçons et Marie, Jeanne, Louise ou Magdelaine pour les filles.

Certains parents faisaient quand même preuve de beaucoup d'originalité dans la recherche de prénoms pour leur progéniture puisque l'on trouve des Mélie, Nannette Euphrasie d'un côté et des Gugnot, Saint Jean, ou autre Alphroïd de l'autre. La palme de l'originalité revenant sans doute à l'adjoint au maire Jean Baptiste FERRET qui prénomma ses trois enfants Mélestre, Lindinne, et Gonde.

A René BERNARD…

 

1ère parution: Octobre 2000 Histoires du Pays d’AIGRE

 

 

Tag(s) : #Statistiques, #Barbezières, #Charente
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